31 août 2008

savoir est relation

Chercher à savoir, n’est-ce pas manifester (sinon établir) aussitôt devant autrui un certain rapport personnel aux choses et aux personnes, au détriment d’autres possibles, peut-être ?

En effet, toi qui veux savoir, comment vas-tu me traiter :

- si je ne collabore pas

- si je ne suis pas l’objet de ton étude

- si je ne suis nulle part dans tes desseins d’apprendre

- si même je ne te lis pas ?

- (Sans même mentionner le cas où je n’approuve pas tes recherches !)


(Billet afférent : Un savoir-dire)


30 août 2008

Bon oeil, bon pied

Le monde apparaît tout autrement aussitôt que l’on cesse d’y voir de la vérité et du mensonge. C’est-à-dire du sens. Il cesse d’être obsessionnel aussitôt que l’on y voit simplement du croire et du faire-croire. C’est-à-dire exclusivement et perpétuellement un jeu de signes en mouvement. Alors on n’a plus à attendre. On comprend que même attendre c’est faire signe. On se surprend alors à être vivant. On s’essaie déjà au signe suivant.


_

Une introduction

Un homme tente de s’extraire de sa condition d’homme parmi les hommes et de leurs institutions socio-culturelles pour aller voir plus généralement « du côté de l’être au monde », de cette présence partout manifeste. Or devant toute présence, notre éducation et notre vie sociale semblent avoir posté, depuis longtemps déjà, un moi inculqué, éduqué à écouter, à apprendre, à savoir, à s’affairer, à s’appliquer et à ne jamais s’exprimer qu’en vue de produire un effet sur les autres hommes.

Mais un tel retrait ne peut viser qu’un retour parmi les hommes. Qu’apporterait en effet une vision de l’être au monde (une « Seinanschauung »), si elle n’entraînait dans son sillon une réforme du moi et du dire-aux-autres, de la « communication » ?


_

Un savoir-dire

« Je m’appelle Socrate. Parce que j’ai dit un jour que je ne savais rien, les gens en ont conclu :

1) que je n’avais rien à dire

2) que c’est aussi parce que je ne savais rien que je me suis mis à interroger les autres.

Ils n’ont pas assez remarqué :

1) que je sais une chose que je ne sais rien qui a toute son importance en matière de dire aux autres.

2) que c’est en raison de l’importance de cet unique savoir que je me suis mis à interroger les autres.

3) que je n’ai pas cherché là à simplement m’informer je l’aurais fait auprès des dieux, sinon de personnes ou autres institutions compétentes mais ai quêté auprès du savoir-faire des gens du monde : soldat, artisan, médecin, etc.

Si j’étais un artiste, je pourrais tout aussi bien dire ceci :

« Je ne sais rien. Et donc, puisque je n’ai rien à vous dire,

Venez simplement puiser dans mon œuvre ! ».

Mais je n’interrogerais pas les autres si j’avais pour désir de créer sans eux. « Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien » veut dire :

« Je cherche un savoir-faire à plusieurs en matière de dialogue. »

Car le savoir seul, en effet, n’y pourvoit pas ; il informe, souvent émerveille, mais il parle tout seul. Celui qui s’en pare et le sert en guise de dialogue trompe son interlocuteur ; le savoir n’est qu’un moyen de faire savoir, d’émerveiller, de convaincre, de s’étendre, voire de s’auréoler pas de s’entredire. »


(Billet afférent : savoir est relation)

29 août 2008

Que VEUT dire ?

J’ai regardé autour de moi et cru entendre. Dire veut tour à tour ou ensemble :

- être

- Quelque chose

- Les autres.


- Dire veut être :

c’est le dire-être de tout ce qui est « simplement présent ».

- Dire veut quelque chose :

il vise un objet, à le créer et / ou à se l’accaparer.

- Dire veut les autres :

il veut être entendu.


On peut voir dans cette énumération une progression, et même une évolution ontologique qualitative :

- Présence (un homme posté devant un guichet, un crayon posé sur une table, une fleur dans un pré)

- Intention (un chat épie une souris, une femme veut plaire)

- Communication (un être veut parler à d’autres, imprimer en eux)


On peut y voir aussi les trois faces de notre propre dire(-être) individuel d’homme :

- Par ma présence (corps dans l’espace physique commun) je fais simplement signe ;

- Par mon intention je vise un objet, c’est-à-dire le délimite, le crée. Je fais assurément un geste ;

- Par mon désir de communiquer, je veux faire sens, impression pour / sur les autres.


Bien évidemment, c’est là un schéma. Il y a imbrication entre ces caractères. La présence, par exemple, n’est jamais passive, elle est aussi signe et souvent geste ; la volonté de faire sens passe aussi par l’intention de présenter un objet quelconque, par exemple un livre (qui réunit, du reste, les trois caractères). Etc. Mais ce schéma permet de faire, pour chacun de nous peut-être, des distinctions utiles.

- Présence « brute », « simple », « passive ». (voyez les guillemets) – Signe.

- Intention (viser, délimiter, créer, prendre) – Geste (signe parlant)

- Force (exercer une pression sur d’autres) – Sens (parole signifiante)


Si je vous dis : signe, geste, ou bien sens,

Que voulez-vous, quant à vous, (nous) dire ?

A tout le monde

Il n’est pas réservé, il n’a pas élu domicile en « l’homme ». Aussi, quand un homme s’avise de te dire « ce qui est », comprend qu’il veut, à son insu, te dire simplement que tu es ; tout comme lui qui te parle est là même avec toi. Il t’invite ainsi, malgré lui, à trouver tes mots de l’être au monde.

L’être est à tout le monde.



_