27 oct. 2008

Au bonheur des hommes

Mythe : le résultat créatif d’une prise de conscience de notre incapacité profonde à comprendre et à dire couplée à l’ineffable bonheur, tout humain, de s’en laisser conter, de dire le plausible selon soi !

Au fond et très vite il nous suffit d’y croire pour être rassasiés. Du moins aussi longtemps que le mythe n’est pas renversé.

Il y a un bonheur secret à n’être qu’un homme :
Créer à part entière du sens !

[Quelqu’un me disait tantôt que nous n’avons d’autre choix, face à notre impuissance, que la résignation. Mais c’est là faire implicitement l’aveu d’impuissance d’un appétit démesuré de connaissance ! Plus modestement, le bonheur d’être homme est au contraire de n’être pas Dieu et de pouvoir créer sans cesse à notre guise oui, de l’imperfection, assurément, sans même viser à sa ressemblance, sans avoir à jeter en une fois tous nos dés (comme Lui), sans avoir à jeter notre échelle au dos de l’infini.]

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25 oct. 2008

Du moi au « soi »


Chacun des hommes dit « moi, je ». C’est dire que tous réfèrent à un même vocable, à une même identité-type pour dire ce qu’il a (est !) de plus personnel, de particulier, d’unique. Chaque nouveau-né apprend à son tour très vite à le dire aussi, à le croire, à le penser surtout. Si un homme meurt à l’instant précis où cet enfant dit pour la première fois « moi, je », alors peut-être une certaine balance des comptes est-elle à jour ? Surtout, ce moi-je parti à l’instant pourrait tout aussi bien être continué par ce nouvel arrivé ! Elucubration sans doute …

De fait, pourtant, chacun a beau dire à tout instant moi-je et s’en glorifier même, il n’y est pour rien, il ne s’est en aucun cas choisi. Il est à même de dire :

« Je ne suis pour rien dans moi. »

Il n’est pas faux de croire que je suis juste là, doté de langage, pour me donner raison d’être comme je suis moi. C’est cela moi-je, une sorte de legs, de prêt, de responsabilité :

« Bien tenir sa maison-moi,
Je suis celui à qui elle est confiée ».

Or donc, si je ne suis pour rien dans moi, si je ne viens qu’après moi, qu’après ce moi avec lequel « il faut bien faire », j’aurais donc pu tout aussi bien avoir affaire à tel ou tel autre ! Tiens ! celui-là justement, par exemple, qui passe à l’instant devant moi, peut--être. Voyons, comment vais-je m’y prendre ? Celui-là non plus je ne l’ai pas choisi ! Voici donc, me voila gros alors que j’étais maigre, beau alors que j’étais ordinaire, égocentré alors que j’étais plutôt laxe.

« Bonjour, il faut que je vous raconte,
Un instant vous avez été moi ».

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Suis d’abord, je ensuite

Je suis n’est pas le fait premier, il est un renversement, le renversement premier et par excellence (…) opéré par le langage :

Je suis
Coup d’état dans l’être

Opéré en chacun de nous par l’Etat d’esprit.
*


En réalité (…) suis je. Le verbe est premier. Je ne suis pas, c’est suis qui est devenu je et s’offre sans cesse de se refléter ainsi sous forme de moi.


Mais en modèle d’être réduit
Pour du semblant,
Juste pour qu’on se croit.


Alors je ne demanderai pas « Qui suis-je ? » « Quoi suis-je ? ». Je demande « Pourquoi je ? »
Comme suis je, la réponse ne peut être « Parce que moi ».



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(*) D’abord l’objet, l’acteur, le sujet : nécessaire chronologie de la Cause, Existant majeur de la connaissance. Cf. « Aux hommes ».

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Figure du renversement

Dire « je suis » n’est une preuve ou une manifestation d’être qu’en seconde instance. Dire (que) je suis est avant tout une preuve de conscience et de communication. A soi-même ou un autre, il me faut le faire croire. Mais la médiation est ici redondance verbale.* Dire je suis, c’est inverser l’ordre du monde :


Esprit sujet
Au profit de la communication
Dont la conscience de soi est le premier stade. **


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(*) Non pas médiation entre l’être et ma connaissance, comme le prétend l’esprit cognisciste (..), mais entre la réalité de l’être et le commerce humain de la réalité.
(**) Cf. « Aux hommes »

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19 oct. 2008

Le savoir-faire d’un Dieu

Si « la » réalité n’existe pas, il existe cependant pour tous les êtres (y compris les dieux ?) une infinie variété de choses, de « réalités ». Partant, chacun a la sienne à bâtir, à créer peut-être :

Un savoir-faire.

Si « la » réalité existe, en revanche comment une telle assertion ne nous inciterait-elle pas à la connaissance ?

Un savoir en-soi.

La foi politique de l’homme de science fut-elle (et aujourd’hui encore peut-être) le bonheur de l’humanité (hum !), son exercice est fondé sur une croyance spirituelle en l’un. Quand bien même il découvre « plein de réalités », ce sujet connaissant n’a de cesse de leur trouver cette loi d’airain qui serait l’angle de vue « objectif », absolu :

L’angle de vue par excellence
- mais pour savoir-faire quoi ?

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Allez savoir


La conscience du mal suppose la conscience, mais le mal ?

Il fallut à des hommes une conscience du mal pour le dire, et enseigner à tous les autres la conscience de soi pour le stopper.


La conscience de soi était donc le bien,
Du moins son véhicule.


Erreur funeste ! La conscience du mal donna aussitôt aux hommes le pouvoir de le développer, voire, pour un grand nombre d’hommes, peut-être, de s’en délecter en secret !


Le prix à payer pour stopper ici ou là le mal
Fut de le stimuler partout ailleurs, décuplé !


Depuis qu'il a perdu son innocence, pourquoi le mal trouve-t-il si souvent dans le bien son plus sûr repaire ? Allez savoir

Le point O de la connaissance

Dans quel espace, quel cadre idéologique d’action l’homme théorique moderne œuvre-t-il ? Dans un espace comparable, pour l’illustrer, à l’espace géométrique euclidien classique, à trois dimensions, qu’on peut représenter comme suit :


Concept(ion)s
|
_____________________ Communication

/
Applications


Soit :

- un vecteur vertical : rapport au conceptuel-spirituel

- un vecteur horizontal : l’inter-dire humain, l’économie du langage, la politique de la pensée sur les esprits, la « communication ».

- un vecteur « pratique » tourné vers le monde concret, matériel : applications matérielles et sociales, politique de la matière et de la production.

[Concept / Inter-dire / Production. On peut également déceler dans cette tripartition le schéma d’une volonté humaine antérieure, alors encore plus religieuse qu’épistémique : 1) Nous mettre en relation avec les dieux, 2) Convertir les hommes 3) Créer à notre tour.

Et même à l’échelle individuelle : 1) Ce qui nous dépasse 2) Ce qu’on fait avec les autres ou qu’on attend d’eux 3) Ce qu’on peut faire concrètement …]

Le point O à la croisée de ces trois vecteurs figure en quelque sorte la base de notre sujet connaissant, observateur expéditionnaire 1) muni de son appareil conceptuel, 2) demeurant en contact permanent avec ses semblables (l’inter-dire), et 3) n’ayant qu’un objectif en tête : contribuer au savoir humain, être au service de ‘l’homme’, convertir son savoir en applications de toutes sortes.

C’est dire qu’il représente, au sens propre de la posture, un ensemble de perspectives, de paramètres et d’objectifs concentrés en un point. L’espace de travail de notre sujet connaissant se superpose alors bien à cet espace euclidien muni d’un point zéro qui en est aussi le centre et l’origine O. Là, les concepts se déploient et interagissent avec l’inter-dire, et à partir de ceux-ci, ce que notre homme aura connu permettra de réaliser quelque chose de concret, de « pratique » et de le faire savoir, d’être utile aux hommes.

En comparaison, l’espace physique ordinaire dans lequel nous vivons tous et qu’un enfant même est capable de représenter sur son cahier par un dessin d’objets concrets, demeure celui du haut, du bas, de la droite, de la gauche, du devant et du derrière. Si c’est bien là l’espace subjectif par excellence, et qui a par définition « l’ego pour centre », il présente cette différence notable avec le théorique, sur le cahier de l’écolier comme dans la vie, c’est qu’il ne renferme pas de valeur « positive » ou « négative » car nous n’en sommes pas le zéro ni l’origine ! Quand je ne suis pas en mission cognisciste dans l’espace de l’être, je suis moi-même mon propre panneau indicateur à la croisée de six chemins ou plus. Ce qui veut dire que je suis alors cet observateur extérieur à tout point O central théorique car il n’y en a pas –, contraint de me situer moi-même à tout moment, de donner ma position. Mais à partir de quel point de repère physique ?

- Ma seule relation aux choses.

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Des dieux à la théologie

Jusqu’à ce que le monde même devienne tout entier aux hommes, les hommes avaient affaire à des dieux, puissances et / ou esprits. Désormais ils eurent affaire à la théologie qui arrivera peu à peu à se passer de dieu.

(http://hyper-atheisme.hautetfort.com/archive/2008/05/29/le-hasard-cosmique.html)

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