17 nov. 2008

Naissance de l'Etat d'esprit

L’Etre, cette abstraction qui ne fait rien et n’a aucun effet, c’est ce genre auquel toutes les espèces de divinités et autres puissances jusque-là appartenaient sans qu’on le sût. On se mit à le découvrir. Jusque-là, la parole du dieu, qu’il fallait le plus souvent « aller chercher », on l’écoutait et on se conformait à son dire parce que son dire se confondait à son existence même, visible à ses effets. La réalité divine était alors Parole, et on l’écoutait comme on la voyait. Désormais, au sujet de toutes les divinités, il y eut quelque chose de bien étrange au-dessus de leurs têtes :

Les dieux avaient en commun l’Etre,
Mais l’Etre n’était pas dieu.

Quel ne fut pas le bonheur de ces Présocratiques d’être alors enfin en mesure de définir leurs Dieux en tant qu’Etre ! Ni ce dieu-ci, ni ce dieu-là n’avait telle ou telle propriété, effet ou puissance qu’en savions-nous au juste ! mais tous pareillement, s’ils en avaient la stature, devaient avoir les qualités qui siéent à leur rang d’Etre ! Car on l’aura compris : plus qu’aucun dieu, toujours discutable, toujours quelque peu derrière un nuage, l’Etre lui au moins est parfait en sa nécessité formelle !

Un, sphérique, immuable, inaltérable, atemporel etc.
Si un dieu est dieu, il ne peut qu’être figure de la perfection.

Ce véritable dépassement du religieux que fut la découverte de l’Etre et conduisit cependant tout droit à une théologie cognisciste de l’Etre allait désormais nourrir l’inter-dire humain pour les siècles à venir. Certes l’Etre n’était pas un dieu,* mais il allait servir partout de modèle, de paradigme ! L’Etre fut-il tout d’abord un véritable symbole des dieux, il ne tarda pas en effet à se chercher incarnation du côté des hommes et de leur désir le plus profond la connaissance.

L’Etre à peine né visita aussitôt la connaissance humaine. **
Ainsi naquit le nouveau paradigme,
L’Etat d’esprit qui allait envahir le monde.

_____________

(*) Pas encore, il le deviendrait un jour en tant que l’inter-dire humain serait le « tout » du monde cognoscible et à portée de main, de dire.
(**) Cf. l’histoire de l’esprit saint
visitant la vierge Marie …

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Les dieux avaient en commun l’Etre,
Mais l’Etre n’était pas dieu.

Pfff. c'est fort...Ça me parle, on sent bien la naissance de cette dichotomie qui nous a mis "hros de nous".

Anonyme a dit…

J aime ton petit sourire narquois, quand les autres s'inclinent et que tu prends la parole, je ne sais pas comment tu fais pour réussir ça à chaque fois.

Anonyme a dit…

"Puisque Tu es là et que Tu me parles, c'est qu'il y a plus vaste que Toi et que Tu n'es, par conséquent, pas plus divin que moi."

[Enthoven, à un Dieu qui graverait lui même les tables de la loi et nous adresserait la parole au travers d'un buisson ardent].

Un être = un dieu ?

Anonyme a dit…

"J aime ton petit sourire narquois, quand les autres s'inclinent et que tu prends la parole, je ne sais pas comment tu fais pour réussir ça à chaque fois."

C'est un tout petit peu vrai, mais on s'incline quand même...:)

varna a dit…

" "Puisque Tu es là et que Tu me parles, c'est qu'il y a plus vaste que Toi et que Tu n'es, par conséquent, pas plus divin que moi.""

- Exactement ! Même mieux (pour rire) : si Dieu est omniscient, il est donc au courant de Principes qui ne dépendent pas de lui. Et donc il n'est pas au-dessus de nous qui cherchons à savoir, juste un peu en avance ...
(oups pour les croyants)

Sérieux : s'il y a plus vaste que moi sous mon regard possible - pourquoi m'arrêterais-je à mon histoire ?